J’ai depuis toujours eu une attirance particulière vers la guitare classique, attirance qui a débuté par la beauté physique que me suggère l’instrument. J’ai appris à le connaître davantage en appréciant son répertoire, de la guitare classique espagnole en passant par le flamenco, de la guitare brésilienne à la guitare moderne. La guitare classique et flamenca puise ses racines en Espagne, un carrefour culturel qui s’est enrichi à travers le temps par le passage de différentes civilisations. Pour moi la guitare espagnole fait partie d’un mélange de culture orientale et occidentale. C’est de ce mélange que l’on retrouve dans mes instruments, un hommage à l’art mauresque. Je suis venu à la lutherie par le biais de la musique et mon approche que j’ai d’eux se ressemble beaucoup. Tout comme en musique, mon côté sensible prédomine sur l’aspect rationnel, j’aime beaucoup ressentir et écouter mon intuition. Ma facture est classique dans sa ligne directrice même si j’intègre des éléments contemporains. La facture instrumentale au regard de l’histoire n’est pas juste le fruit du hasard… Pour moi la lutherie est un réel défi car elle combine plusieurs dimensions. La dimension cartésienne ou technique en est la base mais on doit collaborer avec la matière pour lui donner un sens sonore et esthétique qui est le fidèle reflet de notre personnalité. Une guitare est belle selon moi quand elle donne envie d’être joué, parce qu’elle est agréable à prendre et qu’elle dégage quelque chose de singulier. Une voix envoutante au service de notre expression, le défi est réussi.